Dans un univers NFL saturé de hype et de glamour, certains joueurs arrivent sans fracas, mais avec une aura de sérieux qui impose le respect. C’est le cas d’Armand Membou, colosse discret devenu le nouveau mur de droite des New York Jets. Drafté en 7e position lors de la Draft NFL 2025, l’ex-tackle des Missouri Tigers ne fait pas de bruit. Il en fait peu. Mais quand il bouge, tout tremble.

D’un « mauvais joueur » à un pick de prestige
À 21 ans, Membou mesure 1m93 pour 150 kg. Pourtant, son histoire ne commence pas avec des étoiles plein les yeux. Adolescent, il songe à tout arrêter. « J’étais nul », dit-il sans détour. Puis vient la poussée de croissance, le déclic mental, et l’arrivée du travail acharné. Il devient alors l’un des secrets les mieux gardés du football universitaire.
Pas de grandes fanfares au lycée, peu de convoitise des recruteurs. Il choisit Missouri presque par simplicité, y dispute 29 matchs dont 25 d’affilée, et s’impose comme une force tranquille de la SEC. En 2024, il ne concède aucun sack. Zéro. Un fait rare dans cette conférence féroce.
L’ADN d’un « Freak »
Sa sélection dans la “Freaks List” de Bruce Feldman n’a rien d’un hasard. Membou peut squatter 600 livres, a couru le 40 yards en 4.91 secondes, et a empilé 31 répétitions au développé-couché. Une machine. Pourtant, ses mensurations — bras et taille légèrement sous les standards NFL pour un tackle — soulèvent des doutes. Qu’importe : son buste large et sa puissance compensent tout. Le gars est plus bélier que danseur, mais il sait surprendre par sa mobilité latérale.
Un soldat du côté droit, mais pas que…
Membou n’a connu que le poste de right tackle en NCAA. Pourtant, il a déjà flirté avec le rôle de tight end dans des formations déséquilibrées, et son recrutement initial était prévu pour le poste de garde. Cette polyvalence offre aux Jets une flexibilité stratégique rare.
Imperméable en protection, mais pas encore invincible
En protection de passe, Membou est impressionnant. Ses mains, puissantes, repoussent les rushers comme des brindilles. Ses pieds bougent bien, et il sait se réancrer face aux assauts. En 2024, il baisse encore son taux de pressions concédées. Mais quelques failles subsistent : les inside moves rapides l’ont piégé, notamment sur deux sacks et une pression menant à une interception. Un excès d’enthousiasme dans son pas de recul le rend parfois vulnérable.
Sur les extérieurs ? Quasiment imprenable. Même contre les edge rushers d’élite, il oblige ses adversaires à faire le tour du monde. Rarement battu à la loyale.
Run game : un bulldozer aux trajectoires parfois hasardeuses
En jeu de course, Membou est une vraie locomotive. Il pousse, il déplace, il laboure. Son impact est flagrant sur les jeux courts, surtout dans les formations déséquilibrées où il bascule à gauche. Mais tout n’est pas parfait : parfois trop agressif, il surjoue ses blocs, perd l’équilibre ou se fait contourner. Il doit apprendre à « danser avec son homme » plutôt qu’à le renverser à tout prix.
L’inconnu du screen game
Missouri n’a pas beaucoup misé sur les screens traditionnels, préférant les actions pour receveurs. Résultat : Membou n’a pas souvent eu l’occasion de briller dans ce secteur. Ce qu’on a vu ? Une volonté d’aller au front, de chercher son homme, mais une exécution parfois neutre, voire inefficace. Rien d’alarmant, mais un axe de progression.
Pourquoi Membou est peut-être le steal silencieux de la Draft
Armand Membou ne crie pas. Il ne tweete pas à outrance. Il ne cherche pas à attirer les projecteurs. Il travaille. Et c’est peut-être cette humilité-là qui va en faire l’un des meilleurs right tackles de sa génération.
Avec son profil de late bloomer, son éthique, sa puissance brute et son mental d’acier, Membou a tout pour devenir le garde du corps rêvé d’un quarterback. Et pour les Jets, qui cherchent désespérément à bâtir une ligne stable, ce géant discret pourrait bien être la pièce maîtresse que personne n’avait vue venir.