MOZAMBIQUE : L’ÉMEUTE POST-ÉLECTORALE

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Au Mozambique, une émeute d’une rare intensité a secoué mercredi une prison de haute sécurité située près de Maputo, la capitale. L’incident, survenu dans un contexte de crise post-électorale, a causé la mort d’au moins 33 personnes et blessé 15 autres.

Évasion de la prison de Matadi

Profitant de la confusion provoquée par des manifestations post-électorales à proximité, des prisonniers de la centrale de Machava ont réussi à démolir un mur et à s’échapper. Selon les autorités, 1 534 détenus ont pris la fuite, dont seulement 150 ont été rattrapés jusqu’à présent. Cette évasion massive a mis en lumière les failles sécuritaires du pays, déjà fragilisé par des tensions politiques croissantes.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des prisonniers en pleine fuite, certains s’emparant des armes des gardiens. Les affrontements entre détenus, gardiens et forces de l’ordre ont été meurtriers. Parmi les évadés figurent des djihadistes liés à des groupes actifs dans la province de Cabo Delgado, au nord du pays.

L’émeute survient dans un climat tendu. Depuis la confirmation de la victoire de Daniel Chapo à la présidentielle par la Cour constitutionnelle, des manifestations violentes éclatent régulièrement à travers le pays. Le scrutin, marqué par des accusations de fraude, a suscité l’indignation d’une partie de la population et de la communauté internationale.

Au moins 248 personnes ont perdu la vie en deux mois, selon l’ONG Plataforma Décide. Les manifestants dénoncent des irrégularités dans le processus électoral, tandis que des affrontements entre partisans de l’opposition et forces de l’ordre exacerbent la crise.

Les enjeux sécuritaires et internationaux

L’évasion de membres présumés de groupes djihadistes aggrave les craintes de déstabilisation. La province de Cabo Delgado, déjà en proie à une insurrection violente depuis des années, pourrait voir la situation se détériorer davantage. Le chef de la police, Bernardino Rafael, a alerté sur la dangerosité de certains évadés, soulignant l’impact potentiel sur la sécurité nationale.

Face à cette crise, les réactions internationales sont partagées. Tandis que les États-Unis critiquent le manque de transparence des élections, l’Afrique du Sud adopte une position plus mesurée, suscitant des interrogations sur son rôle dans la région.

En effet, quelques heures après la ratification des résultats, le secrétaire général du Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, a félicité Daniel Chapo, saluant son élection.Cette prise de position a été largement critiquée, notamment par les observateurs locaux, qui y ont vu une forme de nonchalance face à la situation.

Plus tôt, dans le centre de la capitale, des supermarchés ont ouvert sur une demi-journée. Les banques, qui avaient annoncé leur réouverture, ont finalement gardé portes closes. Plusieurs stations-essence ont ouvert aussi, mais ont dû fermer au bout de quelques heures, faute de ravitaillement, le transport par camions-citernes restant très perturbé.

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