Le Conseil constitutionnel du Mozambique a validé lundi la victoire du parti Frelimo aux élections présidentielles d’octobre dernier. Avec 65,17 % des suffrages, Daniel Chapo reste à la tête du pays, mais son élection est contestée par l’opposition. Venancio Mondlane, principal opposant et arrivé officiellement second avec 24,19 %, accuse le parti au pouvoir de fraude massive. Selon un décompte parallèle, il revendique 53 % des voix.
Ce sera peut-être l’épilogue d’une vive tension politique qui secoue le pays depuis les résultats de la présidentielle en Mozambique. Depuis l’élection d’Octobre 2024 ,le principal opposant conteste les élections qui ont conduit Daniel Chapo candidat du Frelimo à la magistrature suprême.Depuis deux mois, cette contestation alimente une crise politique majeure. Les appels de Mondlane au « soulèvement populaire » ont donné lieu à des manifestations réprimées dans le sang, causant près de 130 morts, selon une ONG locale. Une situation qui plonge ce pays d’Afrique australe dans l’une des périodes les plus tumultueuses de son histoire récente.
Lundi, la capitale Maputo était paralysée par des manifestations et des barrages. Le siège du Conseil constitutionnel et le palais présidentiel étaient sous haute surveillance policière. En fuite, Mondlane a averti que cette décision judiciaire déciderait « de la paix ou du chaos » pour le Mozambique.
Le Frelimo, au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, conserve une majorité confortable au Parlement, avec 171 sièges sur 250. Mais le climat de contestation compromet sa légitimité. Le parti refuse tout dialogue avec l’opposition, qui de son côté rejette tout compromis, alimentant un cycle de défiance et d’affrontements.
La crise dépasse le cadre politique. Les violences perturbent gravement l’économie et les services publics d’un pays déjà parmi les plus pauvres du monde. La méfiance des investisseurs étrangers s’accroît, tandis que les partenaires internationaux hésitent à intervenir directement pour ne pas aggraver l’instabilité.
Pour la démocratie mozambicaine, l’enjeu est de taille. Le scrutin, marqué par des irrégularités, illustre les limites d’un système dominé depuis près de 50 ans par le Frelimo. Pourtant, la communauté internationale semble réticente à contester les résultats officiels, misant sur une sortie de crise négociée.
Une issue incertaine
Dans ce bras de fer, l’avenir du Mozambique reste flou. Venancio Mondlane, qui se considère victime d’un « hold-up électoral », appelle à intensifier la « révolution orange » qu’il mène. De son côté, le gouvernement parie sur l’essoufflement des protestations, mais une répression excessive pourrait raviver la colère populaire.
Des diplomates et médiateurs, notamment via l’Union africaine, plaident pour un arbitrage international et un partage du pouvoir, à l’image des accords des années 1990 après la guerre civile. Mais pour l’instant, ni le Frelimo ni l’opposition ne semblent prêts à céder.