Le Cameroun et le monde de la musique pleurent la disparition de Koko Ateba, une artiste exceptionnelle qui s’est éteinte le 13 décembre 2024 à Paris. Chanteuse, guitariste, auteure-compositrice, et interprète de talent, elle laisse derrière elle un héritage culturel inestimable.
Une passion pour la musique dès l’enfance
Née à Douala, Koko Ateba découvre très tôt son amour pour la musique, rêvant déjà à trois ans de suivre les pas d’Anne-Marie Nzié. Brillante élève, elle choisit pourtant d’abandonner ses études en terminale pour se consacrer à son art, une décision qui marquera le début d’un parcours atypique. Adolescente, elle fait ses débuts sur scène, encouragée par son entourage. Elle y rencontre des figures majeures comme Elvis Kemayo et Henry Njoh, qui contribueront à son initiation musicale. À Yaoundé, des collaborations avec des artistes comme Claude Ndam et Ottou Marcellin renforcent sa détermination.
Une carrière prometteuse rapidement freinée
En 1986, Koko Ateba sort l’album Talk Talk, considéré comme l’un des chefs-d’œuvre des années 80 au Cameroun. Chantant en plusieurs langues (français, anglais, ewondo, douala, pidgin), elle donne une dimension universelle à sa musique. Des titres comme Je suis bien ici et Taxi marquent les esprits et propulsent son talent sur la scène internationale. Mais en 1988, un événement tragique bouleverse sa vie. Une mauvaise interprétation de sa chanson traditionnelle Atemengue, chantée lors d’une prestation officielle, entraîne son arrestation et l’interdiction de ses œuvres. Ce malheureux incident met brutalement fin à son ascension.
L’exil et un nouveau souffle artistique
Face à cette injustice, Koko Ateba quitte le Cameroun pour le Gabon, puis s’installe en France en 1990. Loin de ses racines, elle continue de créer et de s’épanouir artistiquement. Son titre Frou Frou rencontre un franc succès en Europe dans les années 90, confirmant son génie musical.
Une femme engagée
Au-delà de son art, Koko Ateba était une militante passionnée. Elle fonde une association en France pour accompagner les artistes camerounais en diaspora et s’implique dans divers projets humanitaires. Toujours guidée par des valeurs de paix et de justice, elle utilise sa notoriété pour défendre des causes, comme celle de Vanessa Tchatchou, une jeune mère dont le bébé avait été enlevé dans un hôpital de Yaoundé.
Un héritage éternel
En 2010, après 20 ans d’absence, elle est invitée à participer aux célébrations du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, un retour symbolique pour cette pionnière. Ses chansons, reprises par la nouvelle génération, demeurent des classiques intemporels. Jusqu’à son dernier souffle, Koko Ateba est restée une source d’inspiration pour les jeunes artistes, notamment Henri Dikongué.
Aujourd’hui, Koko Ateba s’en va, mais son héritage perdure. Son parcours témoigne de la résilience et de la puissance de l’art face aux épreuves. Elle restera à jamais une étoile dans l’histoire de la musique camerounaise.
Repose en paix, Koko Ateba.