NIGER: ÉDUCATION SEXUELLE EXCLUE DES ÉCOLES

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Le gouvernement nigérien a pris une décision controversée : supprimer les enseignements relatifs à l’éducation sexuelle des programmes scolaires. Cette initiative, motivée par la défense des «valeurs du pays», a suscité des réactions mitigées au sein de la population et des organisations de défense des droits humains.

Des contenus jugés contraires aux valeurs du Niger

Dans une circulaire adressée aux chefs d’établissement, Elizabeth Chérif, ministre de l’Éducation nationale, a ordonné la suspension immédiate de plusieurs thèmes abordés dans les cours. Parmi eux figurent : la sexualité, les infections sexuellement transmissibles (IST), le cycle menstruel, l’anatomie des organes génitaux, l’espacement des naissances, la reproduction des êtres vivants. Ces sujets sont considérés comme contraires aux «valeurs socioculturelles» du Niger, selon une analyse préliminaire des programmes scolaires. «Une importante frange de nos concitoyens récuse ces enseignements», a justifié la ministre, nommée par le régime militaire issu du coup d’État du 26 juillet 2023.

Une révision des programmes scolaires en cours

Pour répondre aux préoccupations soulevées, un comité interministériel a été mis en place afin de réviser les programmes scolaires et proposer des contenus «mieux adaptés aux réalités nationales». Cette révision vise à concilier modernité et respect des traditions du pays. En attendant les conclusions de ce comité, les écoles ont reçu pour consigne de supprimer les cours incriminés.

Des mesures qui font débat

Cette décision s’inscrit dans un contexte où les débats sur la santé sexuelle et reproductive sont particulièrement sensibles. En février dernier, le ministère de la Communication avait interdit une application éducative conçue par des ONG, qui visait à sensibiliser les jeunes femmes aux questions de santé familiale. Cette application avait été vivement critiquée par des associations religieuses musulmanes, qui y voyaient une menace pour les mœurs.

D’un autre côté, des organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent ce qu’elles considèrent comme «une entrave à la liberté d’information et aux droits fondamentaux». Elles soulignent l’importance de ces enseignements pour lutter contre les inégalités et améliorer la santé publique.

Le Niger, entre traditions et défis modernes

Avec plus de 26 millions d’habitants, le Niger, pays majoritairement musulman et conservateur, détient le taux de natalité le plus élevé au monde : 7 enfants par femme, selon les statistiques officielles. Cette réalité soulève des enjeux majeurs en matière de santé, d’éducation et de développement.

La suppression de l’éducation sexuelle dans les écoles reflète une volonté de préserver les traditions, mais elle pose aussi la question de l’adaptation des politiques publiques face aux défis contemporains.

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