Les forces de sécurité nigérianes ont arrêté sept ressortissants polonais, dont six étudiants et un professeur, dans l’État de Kano, au nord du Nigéria, suscitant une vive réaction diplomatique. Ces Polonais ont été accusés d’avoir exhibé des drapeaux russes lors de manifestations contre la crise économique qui secoue le pays. Cette arrestation a eu lieu lundi dernier, a confirmé Peter Afunanya, porte-parole des services secrets nigérians, lors d’une rencontre avec des diplomates à Abuja.
L’incident s’est produit dans un contexte de mécontentement croissant parmi la population nigériane, qui dénonce l’aggravation de la situation économique du pays. Des milliers de jeunes Nigérians sont descendus dans les rues pour exprimer leur frustration, certains brandissant des drapeaux russes – un phénomène rarement observé jusqu’à présent au Nigéria, mais de plus en plus fréquent dans d’autres pays africains confrontés à des troubles politiques.
Les Polonais arrêtés se trouvaient au Nigéria dans le cadre d’un voyage d’études organisé par l’Université de Varsovie. Selon Andrzej Szejna, vice-ministre polonais des Affaires étrangères, ils auraient été au « mauvais endroit au mauvais moment » et ne portaient pas de drapeaux. Szejna a ajouté que les étudiants prenaient des photos, ce qui aurait pu être mal interprété par les autorités nigérianes.
Le ministère polonais des Affaires étrangères a indiqué sur X qu’il travaille en étroite collaboration avec les autorités nigérianes pour clarifier les circonstances de l’incident. Jusqu’à présent, aucune preuve concrète n’a été fournie pour établir un lien direct entre les étudiants polonais et la manifestation ou l’usage de drapeaux russes.
Cet événement intervient dans un contexte où les sentiments pro-russes et anti-occidentaux gagnent du terrain en Afrique, en particulier dans les pays où des coups d’État militaires ont provoqué un rejet des influences occidentales. L’utilisation de drapeaux russes lors des récentes manifestations au Nigéria a soulevé des inquiétudes quant à la propagation de ces sentiments dans la région.
Le chef de l’armée nigériane, Christopher Musa, a qualifié l’affichage de drapeaux étrangers, en particulier ceux de la Russie, de potentiellement dangereux, évoquant des implications de trahison passible de la peine de mort selon la législation nigériane. Cependant, il reste à voir quelles mesures concrètes seront prises contre les étudiants polonais, alors que les deux pays tentent de résoudre cette affaire diplomatique sensible.