NIGERIA: LA FIÈVRE DE LASSA INQUIÈTE

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Au Nigeria, la fièvre de Lassa continue de se propager à un rythme alarmant, entraînant un lourd bilan humain. Avec 89 nouveaux cas et 12 décès enregistrés lors de la deuxième semaine de janvier 2025, le total des contaminations depuis le début de l’année s’élève à 143, incluant 22 décès confirmés. Cette maladie, endémique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, reste un défi majeur pour les autorités sanitaires et les communautés affectées.

La fièvre de Lassa (c) istock

La fièvre de Lassa est une maladie hémorragique virale causée par le virus Lassa, appartenant à la famille des Arénaviridae. Ce virus est transmis à l’homme principalement par le Mastomys natalensis, un rongeur péri-domestique. Ces rongeurs, souvent présents à proximité ou à l’intérieur des habitations, contaminent les aliments ou les surfaces par leurs excréments ou leur urine. La transmission interhumaine est également possible, notamment par contact direct avec les fluides corporels d’une personne infectée, particulièrement dans les milieux hospitaliers mal équipés.

Le virus peut également se propager par l’inhalation de particules contaminées ou, plus rarement, par transmission sexuelle. Cette combinaison de modes de transmission rend le contrôle de la maladie particulièrement complexe, en particulier dans les zones rurales où les rongeurs cohabitent fréquemment avec les populations.

Dans ses formes légères, la maladie se manifeste par de la fièvre, une faiblesse générale, des maux de tête et des douleurs musculaires. Cependant, dans les cas graves, elle peut entraîner des saignements au niveau des gencives, du nez ou des organes internes, des vomissements, des douleurs abdominales sévères, ainsi qu’un œdème facial. Les complications incluent également une défaillance multiviscérale, pouvant rapidement conduire au décès si le patient n’est pas pris en charge à temps.

Une caractéristique notable est que jusqu’à 80 % des personnes infectées présentent des symptômes légers ou aucun symptôme, ce qui complique le dépistage précoce et favorise la propagation du virus. Les femmes enceintes, en particulier au troisième trimestre, sont particulièrement vulnérables, avec un risque accru de mortalité maternelle et fœtale.

Causes et contexte de propagation

La propagation rapide de la fièvre de Lassa est favorisée par plusieurs facteurs, notamment les conditions de vie précaires, la gestion inadéquate des déchets et la forte dépendance aux cultures vivrières souvent stockées dans des environnements accessibles aux rongeurs. Les zones rurales, où l’agriculture de subsistance est prédominante, sont particulièrement exposées.

Le climat joue également un rôle important, car l’épidémie atteint son pic pendant la saison sèche, entre octobre et mai. Durant cette période, les contacts entre les humains et les rongeurs augmentent en raison des changements dans les modes de vie et des conditions environnementales.

Impact au Nigeria et mesures en cours

En 2023, la fièvre de Lassa a touché 1 201 personnes, causant 210 décès sur un total de 8 800 cas suspects, selon le Nigeria Centre for Disease Control (NCDC). Les États d’Ondo, Edo et Bauchi sont particulièrement vulnérables, enregistrant plus de 70 % des cas confirmés. Cette concentration géographique souligne la nécessité d’une intervention ciblée dans ces régions.

Face à la gravité de la situation, le NCDC a activé un Centre d’opérations d’urgence pour coordonner les efforts de lutte contre l’épidémie. Les priorités incluent l’intensification des campagnes de sensibilisation pour informer les communautés sur les mesures de prévention, telles que l’éloignement des rongeurs, la gestion sécurisée des aliments et l’amélioration de l’hygiène dans les foyers.

En outre, le dépistage précoce et la prise en charge rapide des malades sont essentiels pour réduire la mortalité. Les infrastructures sanitaires, souvent débordées, nécessitent un renforcement urgent, en particulier dans les zones rurales où l’accès aux soins reste limité.

À ce jour, aucun vaccin contre la fièvre de Lassa n’a été homologué, bien que des recherches soient en cours. L’Organisation mondiale de la santé classe cette maladie parmi les priorités pour le développement de traitements et de vaccins. En attendant, le Nigeria et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest doivent s’appuyer sur des stratégies de prévention et sur le renforcement des systèmes de santé publique pour contrôler la propagation de cette maladie.

La fièvre de Lassa, par sa nature imprévisible et ses impacts dévastateurs, rappelle l’urgence d’investir dans des infrastructures sanitaires solides et des programmes de sensibilisation communautaire. Alors que les efforts se poursuivent, protéger les populations vulnérables reste une course contre la montre, particulièrement dans les zones où les rongeurs, les habitudes de vie et la pauvreté forment un terreau fertile pour la maladie.

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