Les Nigérians sont confrontés à l’une des pires crises économiques jamais connues en Afrique de l’Ouest. Depuis le mercredi 13 mars, l’inflation a atteint un seuil critique, entraînant une dévaluation de 230% de la monnaie locale, le NAIRA.

Les récentes statistiques gouvernementales publiées jeudi ont révélé que le taux d’inflation a atteint 29,9 %, son niveau le plus élevé depuis 1996, principalement en raison de la hausse des prix alimentaires et des boissons non alcoolisées.
Le naira a encore chuté à 1 524 nairas pour 1 dollar mercredi soir, provoquant colère et manifestations à travers le pays. Cette chute du naira représente une perte de valeur de 230 % selon l’économiste Ichikwé Kampa Krisus.
Cette situation aggrave une situation déjà difficile, réduisant davantage les revenus et les économies tout en mettant sous pression des millions de personnes déjà aux prises avec des difficultés. Avant que la crise ne s’aggrave, l’État avait procédé en début du mois de mars à quelques réformes gouvernementales, dont la suppression des subventions sur le gaz et le pétrole, ce qui a triplé les prix du gaz et fait augmenter les tarifs des transports. Le Ministère de l’économie avait également procédé à l’augmentation de 15 % du prix des denrées alimentaires et des médicaments. Cette hausse des prix a un impact énorme sur la population.
Pour tenter de résorber la situation, le président Tinubu lui-même a ordonné ce jeudi 14 mars la libération de produits alimentaires tels que des céréales des réserves gouvernementales, entre autres palliatifs, pour aider à atténuer les effets des difficultés économiques.
Le gouvernement a également déclaré qu’il prévoyait de mettre en place un conseil des produits de base pour aider à réguler la flambée des prix des biens et services.
La situation est bien pire pour certains dans les zones de conflit du nord du Nigeria, où les communautés agricoles ne peuvent plus cultiver ce qu’elles mangent alors qu’elles sont obligées de fuir la violence.
Des poches de manifestations ont éclaté mercredi soir à Abuja, mais les forces de sécurité ont été rapides à les réprimer, faisant même des arrestations dans certains cas.
Dans le hub économique de Lagos et dans d’autres grandes villes, il y a moins de voitures et plus de piétons dans les rues, alors que les navetteurs sont contraints de marcher pour se rendre au travail.