Le Nigeria a décidé de réviser sa méthode de calcul du produit intérieur brut (PIB), un indicateur essentiel pour mesurer la richesse produite chaque année dans le pays. Désormais, les revenus issus du secteur informel et des activités illégales seront inclus dans les statistiques officielles.

Cette réforme, annoncée par le Bureau national des statistiques (NBS), vise à refléter de manière plus précise la réalité économique du pays le plus peuplé d’Afrique. Jusqu’ici, le calcul du PIB excluait des contributions significatives comme celles des entreprises numériques, des particuliers employeurs ou encore des activités non déclarées. Le NBS prévoit également d’intégrer des secteurs comme la santé, les retraites, les raffineries et les mines, ainsi que les revenus générés par des activités illicites, notamment la prostitution.
Le Haut responsable du NBS, Moses Waniko, a précisé lors d’une présentation à Lagos que cette révision devrait considérablement augmenter la taille apparente de l’économie. L’année 2019 servira de base pour ce nouveau mode de calcul, attendu dans les mois à venir. Selon lui, cette méthode permettra de mieux comprendre l’impact économique des revenus informels et illégaux, qui influencent souvent indirectement le secteur formel.
Le dernier ajustement similaire remonte à 2014, lorsque le PIB du Nigeria avait bondi de 89 %. Une augmentation significative est également anticipée cette fois-ci, ce qui modifiera des indicateurs clés tels que le revenu par habitant, les prélèvements fiscaux rapportés au PIB et le niveau d’endettement national.
Malgré son statut de premier producteur de pétrole en Afrique, le Nigeria traverse une grave crise économique. Le secteur pétrolier, autrefois dominant, a été relégué au cinquième rang des contributeurs au PIB, derrière l’agriculture, le commerce et désormais l’immobilier. Avec une population actuelle de 227 millions d’habitants et une projection de 410 millions en 2050, le pays fait face à des défis structurels majeurs.
Cette nouvelle méthode de calcul intervient alors que le président Bola Tinubu met en œuvre des réformes économiques pour relancer la croissance. Le gouvernement vise un PIB de 1 000 milliards de dollars d’ici 2030 et prévoit une croissance économique de 3,76 % en 2024, surpassant l’estimation de 2,9 % du FMI.
Bien que cette approche soulève des questions sur la légitimité d’inclure des activités illégales dans les statistiques nationales, elle permet de mieux appréhender l’ampleur de l’économie nigériane. Ces changements visent également à améliorer les comparaisons internationales et à attirer davantage d’investissements en présentant une image plus complète de l’économie.
La mise à jour du calcul du PIB reflète les transformations profondes du Nigeria, mais reste à voir si elle permettra d’améliorer concrètement les conditions de vie de sa population.