OUGANDA – RETOUR SUR LA CHUTE ET LE DÉCÈS DU DICTATEUR SANGUINAIRE, IDI AMIN DADA

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Le 16 août 2003, le dictateur ougandais Idi Amin Dada disparaissait. l’Ouganda a vécu à distance l’agonie de son tristement célèbre dictateur sanguinaire, Idi Amin Dada. A l’époque, un forum était même consacré à la question : “ doit-on ou non autoriser le retour de Amin Dada, celui que l’histoire a retenu comme le “bourreau satanique de l’Ouganda”. À cette question, de plus en plus insistante, le gouvernement de Yoweri Museveni avait opposé une fin de non-recevoir. Il avait même d’ailleurs précisé: “…le tyran sanguinaire doit expier ses péchés ou être jugé pour les atrocités commises”. Aujourd’hui, 21 ans après sa disparition, nous vous proposons un retour sur la chute et le décès en exil, de celui qui régna d’une main de fer sur l’Ouganda, de 1971 à 1979.

Idi Amin Dada dictateur ougandais de 1971 à 1979

QUI ÉTAIT IDI AMIN DADA ?

Né à Koboko, sur les bords du Nil, en 1925, Idi Amin appartenait à l’ethnie kakwa, originaire de la région d’Arua. Quasiment illettré, il quitte son village en 1946 pour s’engager dans l’armée coloniale britannique, les “King’s African Rifles”. Il est passé de plongeur à aide cuisinier, avant de finir dans les hautes estimes de l’armée. Ce géant au visage clair et au regard ténébreux, dont la masse corporelle dépasse les cent kilos et la taille avoisine les deux mètres, est sacré neuf fois champion de boxe de son pays, catégorie poids lourd, entre 1951 et 1960.

Il est envoyé au Kenya lors de la révolte mau-mau en 1952, où il a trempé pour la première fois les mains dans le sang. La vie et la proximité du sang, vont rapidement devenir une habitude faisant partie intégrante de sa personne.

UN TYRAN AUX DÉLIRES MÉGALOMANES

De retour en Ouganda, il va poursuivre ses tristes œuvres dans le Karamoja (nord-est du pays) et atteint le grade de sergent-chef, le plus élevé qu’un Noir puisse alors espérer a cette époque. Il va par la suite poursuivre une formation militaire en Angleterre, puis en Israël.

En 1969, Amin devient général et chef d’état-major des armées. Le 25 janvier 1971, alors que son chef et ami le président Obote se déplace en voyage pour Singapour, Amin Dada s’empare du pouvoir. Il devient très dangereux, et échappe à tout contrôle, tout aussi de l’occident, que d’Oboté.

Seulement deux semaines après son accession au pouvoir, il enchaîne les actions sanguinaires à travers le pays. Au regard de sa grande tyrannie il lui avait été attribué plusieurs surnom comme “Son Excellence le conquérant de l’empire britannique”, “ Le maréchal-docteur Idi Amin Dada, président à vie de la République d’Ouganda”, “ Le commandant en chef des Forces armées”, “le président du conseil de la police et des prisons” et “ le grand chef d’État du monde”

EXÉCUTEUR DE DIEU

Les atrocités commises par Idi Amin Dada étaient à son regard justifiées. Il s’est autoproclamé l’exécuteur de Dieu, celui dont le bras sert les volontés de Dieu. Tous les soirs, aux abords des geôles du State Research Bureau, on pouvait entendre les cris de douleur des opposants torturés à mort. Il y’en avait des centaines par semaine. Environ 300 000 Ougandais sont suppliciés, massacrés ou exécutés durant sa présidence.

En mars 1972, Amin n’hésite pas à rompre avec Israël pour s’assurer l’amitié et l’aide de Kadhafi. La même année, il expulse tous les Indiens du pays, en prenant le soin de les marquer au fer.

Dans un de ses discours tenu en 1972, il a déclaré que ses actions étaient l’interprétation des ordres de Dieu qu’il recevait dans ses rêves. Il disait : « je ne suis que l’exécutant. C’est Dieu qui ordonne de le faire, et j’obéis ».

L’une de ses plus grandes folies a été de l’effondrement de l’économie de l’Ouganda après la décision d’expulser tous les investisseurs, et le refus de création d’entreprise. En 1976, les caméras du monde entier se tournent vers l’aéroport d’Entebbe où un commando palestinien a détourné un avion d’Air France. Amin fanfaronne, Tsahal intervient, l’opération est un sanglant succès.

En 1979, il supprime tous les armements conventionnels dans son pays et propose de distribuer aux nations des bombes atomiques, de manière à garantir la paix. Alors que l’année 1979 touchait à sa fin, Amin envoie quelque 27 milliers de soldats conquérir « en vingt-cinq minutes » la Tanzanie gouverné à l’époque par son ennemi juré Mwalimu Nyerere.

Cet acte sera l’acte de trop. L’action de trop qui va faire basculer complètement le cours de l’histoire du règne tyrannique de Amin Dada. Mwalimu ne tardera pas à engager la riposte deux semaines plus tard. Cette riposte tanzanienne mettra fin au règne de celui qui se voulait « le dernier roi d’Écosse ». Alors il s’enfuit et trouve refuge à Jeddah.

UN ÊTRE FROID ET SANS REGRET

Loin de son pays, Amin Dada disait ne pas éprouver de remords, ni de culpabilité. Il disait en souriant, que le seul sentiment qui l’habite est tout simplement de la nostalgie. En février 1981, il a même déclaré : “ Depuis que je suis parti, les droits de l’homme ne sont plus respectés en Ouganda”.

Pris a tourment dans une longue période de maladie, Idi Amin Dada, après plusieurs semaines de coma, décède le 16 août 2003 à l’hôpital du roi Fayçal de Jeddah, sur la mer Rouge.

DE 1971 A 2003: QUE RETIENT L’HISTOIRE ?

Les Ougandais se refusent pour la plupart à garder une image du tyran sanguinaire qui a écrit les pages noires de l’histoire de l’Ouganda. Pour certains, il s’agit du pire cauchemar de l’Afrique en matière de dictature. Entre “ génocidaire sanguinaire et tyran satanique” les qualificatifs fusent en profusion.

On retient surtout de lui un personnage fantasque, insensible et cruel. Personne ne regrettera l’ancien boxeur, dont les délires sanguinaires ont coûté la vie à quelque 300 000 Ougandais.

L’Afrique et le monde auraient sans doute gagné à ce qu’il ne fût qu’une fiction.

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