PRÉSIDENTIELLE-CIV : « C’EST MOI OU PERSONNE”

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Tidjane Thiam n’a pas fini de faire parler de lui. Alors que la Côte d’Ivoire entre dans une phase décisive à l’approche de la présidentielle de 2025, l’ancien patron du Crédit Suisse, aujourd’hui président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), se retrouve au cœur d’une tempête politico-médiatique. Dernier rebondissement en date : son exclusion temporaire de la liste des candidats potentiels à la présidence, une décision qui a suscité un tollé et relancé le débat sur l’équité du jeu politique ivoirien.

Ce rejet initial de sa candidature officiellement pour des raisons administratives liées à son dossier a été vécu par Thiam et ses partisans comme une tentative d’écarter un adversaire jugé trop sérieux par le pouvoir en place. Dans ce contexte électrique, c’est lors d’un meeting à Bouaké, devant une foule acquise, que Thiam a lâché une phrase choc devenue virale : « C’est moi ou personne. » Une déclaration forte, perçue par certains comme un cri de révolte face à ce qu’il qualifie d’injustice, mais par d’autres comme une posture autoritaire et solitaire qui inquiète.Car depuis son retour en politique ivoirienne après une longue carrière à l’international, Tidjane Thiam a toujours cultivé une image de compétence, de rigueur, et d’homme neuf. Porté à la tête du PDCI début 2024, il incarne l’espoir d’un renouveau pour une grande partie de l’opposition. Mais cette posture de sauveur, renforcée par son expérience dans les cercles économiques mondiaux, s’accompagne désormais d’une assurance qui frôle parfois la suffisance.

La situation rappelle, à bien des égards, le récent cas sénégalais avec Ousmane Sonko : une figure charismatique, écartée par les institutions, puis remise en selle par la rue et ses partisans. Mais en Côte d’Ivoire, les lignes semblent plus rigides, les rivalités plus ancrées, et le système plus réfractaire au changement. Thiam, lui, paraît avoir opté pour une stratégie de confrontation, convaincu qu’il est l’unique recours face à un pouvoir qu’il juge essoufflé et sans vision.En interne, certains membres de l’opposition s’inquiètent de cette logique du « tout ou rien ». Le dialogue entre partis est fragile, les alliances incertaines, et le spectre d’une présidentielle à haut risque plane sur le pays. Si Thiam persiste à se positionner comme l’unique alternative crédible, il prend aussi le risque d’aliéner une partie de l’opinion qui appelle à une approche plus collective et inclusive.

Reste à voir si cette stratégie paiera dans un pays encore marqué par les tensions post-électorales de 2010 et la fragilité de son équilibre politique. En attendant, une chose est sûre : Tidjane Thiam a choisi son camp, et il ne compte pas faire de quartier. Pour lui, l’alternative est claire : « C’est moi… ou personne. »

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