Une opposition fragilisée par les exclusions
La scène politique ivoirienne entre dans une zone de turbulences à quelques mois de la présidentielle d’octobre 2025. Le samedi 26 avril 2025, l’ancien président Laurent Gbagbo a pris position de manière ferme en apportant un soutien sans équivoque au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), dont le président Tidjane Thiam a récemment été radié de la liste électorale par la Commission électorale indépendante (CEI).

Depuis Abidjan, lors d’une réunion du comité central du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), Gbagbo a dénoncé ce qu’il qualifie de « dérive antidémocratique » et s’est engagé à défendre l’existence du PDCI. « Nous ne laisserons pas le PDCI-RDA mourir. Ce parti existe depuis ma naissance, et il doit continuer d’exister après ma mort. » a-t-il déclaré. Ce soutien est d’autant plus significatif que lui-même a été exclu du fichier électoral pour des raisons judiciaires.
Les exclusions successives de figures majeures de l’opposition nourrissent un sentiment de verrouillage du jeu démocratique. En écartant Tidjane Thiam, considéré comme l’un des principaux adversaires du pouvoir, les autorités électorales alimentent les accusations d’une présidentielle jouée d’avance.Un pas vers une coalition de l’opposition ?Au-delà de la solidarité politique, le geste de Gbagbo relance les spéculations sur une éventuelle coalition des forces d’opposition.
En effet, si le PPA-CI et le PDCI-RDA, deux des partis les plus influents du pays, unissaient leurs forces, ils pourraient constituer un contre-pouvoir crédible face au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir dirigé par le président Alassane Ouattara.« Nous soutenons le PDCI sans rien attendre en retour. Ce n’est pas une négociation politique, c’est une exigence morale face à l’injustice », a précisé Gbagbo, excluant toute logique de troc. Il a néanmoins laissé entendre que des concertations sont en cours et n’a pas exclu une mobilisation populaire si la situation ne se débloque pas dans les semaines à venir.
Alors que les tensions montent autour de la transparence du processus électoral, le soutien de Gbagbo à Thiam pourrait marquer un tournant stratégique. Il envoie un message clair : l’opposition ne se laissera pas diviser ni exclure sans réagir.