PROCÈS BONGO: ENTRE JUSTICE ET POLITIQUE

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« Il y aura un procès équitable », a assuré le général Brice Oligui Nguema, président de la transition gabonaise, au sujet de Sylvia et Noureddin Bongo Valentin. Depuis leur arrestation après le coup d’État du 30 août 2023, l’épouse et le fils aîné d’Ali Bongo sont détenus pour des accusations graves, notamment de détournement de fonds publics, corruption, blanchiment d’argent et recel.Alors que l’instruction judiciaire touche à sa fin, leurs avocats dénoncent une détention arbitraire et une volonté politique d’écarter la famille Bongo. Mais du côté des autorités judiciaires, on assure que la procédure suit son cours légalement et que les prévenus ne sont pas victimes d’un acharnement politique.

Une justice sous pression

Les avocats de l’État gabonais insistent sur le fait que les prévenus, bien que binationaux (gabonais et français), sont jugés comme citoyens gabonais et que leur détention respecte les délais légaux. Sylvia Bongo, placée sous mandat de dépôt le 23 octobre 2023, et son fils, incarcéré le 19 septembre de la même année, restent dans le cadre des 24 mois prévus par la loi pour la détention provisoire en matière criminelle.Les accusations portées contre eux sont lourdes. En plus des faits de corruption et de blanchiment, il leur est reproché d’avoir perturbé le processus électoral lors du scrutin présidentiel du 30 août 2023, une accusation qui donne une dimension encore plus politique à cette affaire.

Un contexte électoral sous tension

Ce procès, s’il a lieu, interviendra alors que le Gabon se prépare à une élection présidentielle anticipée, prévue le 12 avril 2025. Initialement, la transition devait durer deux ans, mais le calendrier a été accéléré. Un nouveau code électoral, adopté en janvier, autorise désormais les militaires à se présenter. Oligui Nguema, profitant de cette réforme, a suspendu temporairement son statut militaire pour être candidat à un mandat de sept ans.Huit candidats sont en lice, dont Alain-Claude Bilie By Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo, présenté comme le principal adversaire du général Oligui. Parmi les autres candidats figurent des personnalités issues de divers horizons, dont un juriste, un médecin et une unique femme, Zenaba Gninga Chaning.

Un procès au cœur des enjeux politiques

Alors que la campagne électorale doit débuter samedi, la question du procès de Sylvia et Noureddin Bongo pourrait peser sur le climat politique. L’issue de cette affaire sera scrutée de près, tant au Gabon qu’à l’international, pour évaluer la capacité du régime de transition à garantir une justice réellement indépendante.

L’ombre du clan Bongo plane encore sur le pays, et ce procès pourrait bien être l’un des derniers actes d’un tournant historique pour le Gabon.

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