RDC: LE M23 ANNONCE UN CESSEZ-LE-FEU

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Le groupe armé M23 a déclaré, lundi 3 février, un cessez-le-feu humanitaire effectif dès le lendemain (le Mardi 4 Fevrier) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette annonce intervient alors qu’un sommet crucial réunissant les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame est prévu dans les prochains jours.

Une situation toujours tendue à l’Est de la RDC

Le M23 et les forces rwandaises se sont emparés de Goma le 27 janvier, une ville stratégique du Nord-Kivu, où vivent plus d’un million de personnes, dont de nombreux déplacés. Si les combats ont cessé dans la ville, des affrontements ont été signalés dans le Sud-Kivu, faisant redouter une avancée vers Bukavu. Toutefois, dans son communiqué, le groupe armé affirme ne pas avoir l’intention de prendre le contrôle de cette ville ou d’autres localités. Cette position contraste avec une déclaration du 30 janvier, dans laquelle le M23 exprimait son ambition d’atteindre Kinshasa dans le cadre de ce qu’il qualifiait de « marche de libération ». Selon des sources locales, malgré le calme relatif à Bukavu, des signes indiquent que le groupe se réorganise et reçoit des renforts en vue d’une possible reprise des combats.

Un sommet régional sous haute tension

La crise en RDC suscite des inquiétudes au niveau régional. Face à l’intensification des combats, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a demandé la tenue d’un sommet conjoint avec la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC). Ce sommet exceptionnel se déroulera le 8 février à Dar es-Salaam, en Tanzanie, en présence de Félix Tshisekedi et Paul Kagame. La situation divise les acteurs internationaux. L’Afrique du Sud, dont quatorze soldats ont récemment perdu la vie en RDC, soutient Kinshasa et maintient sa participation à la mission de la SADC (SAMIDRC), en place depuis 2023 au Nord-Kivu. Toutefois, Kigali rejette cette mission, la qualifiant de non neutre, et demande son retrait.

Une guerre aux enjeux économiques et géopolitiques

L’est de la RDC, riche en ressources naturelles comme le tantale, l’étain et l’or, est un enjeu majeur du conflit. Kinshasa accuse le Rwanda de vouloir exploiter illégalement ces richesses, tandis que Kigali se défend en affirmant lutter contre la présence de groupes armés menaçant sa sécurité. Les tensions s’exacerbent également sur la scène diplomatique. Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a accusé l’Afrique du Sud de défendre ses propres intérêts miniers en RDC, insinuant que la présence militaire sud-africaine serait motivée par des enjeux économiques plutôt que par une réelle volonté de paix.

Manifestations interdites et évacuations internationales

À Kinshasa, des manifestations ont été interdites par les autorités, malgré une montée des appels à protester contre l’inaction de la communauté internationale face à l’offensive du M23.De leur côté, les États-Unis ont annoncé la réduction de leur personnel à l’ambassade de Kinshasa, après des attaques visant plusieurs représentations diplomatiques, dont la leur. Alors que les cessez-le-feu successifs ont souvent été rompus dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, l’annonce du M23 suscite autant d’espoirs que de doutes. La rencontre entre Tshisekedi et Kagame sera donc déterminante pour l’avenir de cette crise.

Suspension de X et TikTok dans plusieurs villes congolaises en raison du conflit

Depuis samedi, les utilisateurs d’Internet dans des villes comme Goma, Lubumbashi, Kalemie, Bukavu, et Kinshasa ne peuvent plus accéder à ces deux plateformes, comme le confirme un rapport de NetBlocks, un observatoire indépendant de la cybersécurité. Les autorités congolaises semblent avoir pris cette mesure pour limiter la propagation de fausses informations, notamment concernant la situation du conflit dans l’est du pays. De plus, des restrictions sur le Google Play Store ont été imposées, empêchant les citoyens de télécharger des applications VPN pour contourner les blocages.

Une décision qui pourrait aggraver les tensions

Pour Qemal Affagnon, coordinateur de l’ONG Internet Sans Frontières, cette mesure est contre-productive. Selon lui, couper l’accès à internet n’empêche pas seulement les rumeurs de circuler, mais empêche également les citoyens d’obtenir des informations vérifiées sur la guerre en cours. Ange Kasongo, responsable d’un site de vérification des faits, exprime également ses inquiétudes, soulignant que l’impossibilité de répondre aux fausses informations pourrait aggraver la désinformation.

Bien que les autorités de Kinshasa n’aient pas confirmé officiellement cette coupure, certains membres du parti au pouvoir, l’UDPS, ont laissé entendre que la décision venait de l’État. Elie Mugisho, un cadre de l’UDPS, a expliqué que l’État œuvrait pour protéger la sécurité nationale contre l’ennemi présumé, le Rwanda, et que cette restriction pourrait être levée une fois la situation stabilisée.

Ainsi, si la suspension de X et TikTok visait à contrôler l’information et à lutter contre les rumeurs, elle semble également susciter de nombreuses interrogations sur son efficacité à long terme et ses conséquences sociales.

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