En 2024, un renversement majeur s’est opéré dans l’industrie aurifère africaine. Loulo-Gounkoto, complexe minier situé au Mali, a détrôné Kibali en République démocratique du Congo (RDC) pour devenir la plus grande mine d’or d’Afrique. Ce changement de leadership marque une nouvelle étape pour le Mali, qui s’affirme comme un acteur clé sur la scène mondiale de l’extraction d’or.

Loulo-Gounkoto : le nouveau leader africain
Opérée par Barrick, deuxième plus grande compagnie d’or au monde, la mine de Loulo-Gounkoto a enregistré une production record de 723 000 onces d’or en 2024, soit une hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. En revanche, Kibali, qui dominait le continent depuis plusieurs années, a connu une baisse de 10 %, produisant 686 000 onces. Cette performance déclinante de Kibali, combinée à la progression régulière de Loulo-Gounkoto, a permis au complexe malien de prendre la tête.
Ce succès est le fruit d’une gestion rigoureuse et de conditions favorables sur le site malien, où les teneurs en or sont restées stables, contrairement à Kibali, confrontée à des rendements plus faibles. Cette montée en puissance de Loulo-Gounkoto est d’autant plus marquante que l’écart avec Kibali se resserrait progressivement depuis 2019.
Une situation contrastée pour 2025
Si le Mali a célébré cette victoire en 2024, l’avenir des deux mines semble incertain pour 2025. Barrick a annoncé des prévisions de production pour Kibali comprises entre 688 000 et 755 000 onces, laissant entrevoir un rebond après une année difficile. En revanche, Loulo-Gounkoto pourrait voir sa dynamique freinée par un litige avec le gouvernement malien, qui a entraîné la suspension temporaire des opérations.
Cette pause pourrait permettre à Kibali de reprendre sa place en tête du classement dès 2025, à moins que le conflit au Mali ne soit résolu rapidement. « Nous espérons une reprise des activités à Loulo-Gounkoto, mais pour l’instant, nous devons ajuster nos prévisions », a précisé Barrick dans un communiqué.
Le duel Mali-RDC, reflet de l’évolution du secteur aurifère africain
Le face-à-face entre Loulo-Gounkoto et Kibali ne concerne pas uniquement deux mines, mais illustre également les défis et les opportunités du secteur minier en Afrique. Tandis que la RDC lutte pour maintenir une production constante dans un contexte de gestion des ressources plus complexe, le Mali profite de sa stabilité relative pour attirer des investisseurs et développer ses infrastructures minières.
Cependant, cette situation pourrait changer rapidement, notamment si les tensions politiques ou les fluctuations des cours mondiaux de l’or viennent troubler l’équilibre actuel. Pour l’instant, le Mali profite de son triomphe et capitalise sur son rôle de leader continental.
Un enjeu continental
Au-delà des performances annuelles, le leadership dans le secteur aurifère africain revêt un enjeu stratégique pour les économies locales. La RDC, riche en ressources minières, entend bien défendre son rang et pourrait voir dans les défis actuels de Loulo-Gounkoto une opportunité de reprendre l’avantage.
La compétition entre ces deux pays pourrait également stimuler des réformes et innovations dans l’industrie, à mesure que les compagnies minières s’adaptent aux nouvelles réalités du marché. Une chose est sûre : le duel Mali-RDC sur le front de l’or ne fait que commencer, et ses rebondissements auront un impact majeur sur l’économie africaine.