RDC-RWANDA: UN SOMMET PREVU ENTRE TSHISEKEDI ET KAGAME

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La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda s’apprêtent à un nouveau face-à-face diplomatique alors que la ville stratégique de Goma est presque totalement sous le contrôle des rebelles du M23 et de l’armée rwandaise. Convoquée par le Kenya, cette rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, prévue ce mercredi 29 janvier, vise à tenter de désamorcer une crise qui ravage l’est de la RDC depuis plus de trois décennies.

Goma sous occupation, l’armée congolaise en déroute

La situation à Goma s’est brutalement détériorée ces derniers jours. Après une avancée rapide, les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, contrôlent désormais la quasi-totalité du centre et des faubourgs de cette ville d’un million d’habitants. L’aéroport est tombé, le siège du gouvernement provincial a été pris, et de nombreux soldats congolais ont fui ou se sont débarrassés de leur uniforme pour éviter la capture.

Après plusieurs jours enfermés chez eux, sans électricité et sous un intense pilonnage, les habitants commencent timidement à sortir en quête d’eau et de nourriture. Des journalistes sur place rapportent des scènes de désolation avec des corps jonchant les rues. Le bilan humain est dramatique : plus de cent morts et près d’un millier de blessés, selon un décompte établi mardi soir à partir des bilans hospitaliers.

Une crise diplomatique qui s’envenime

Face à cette situation, Kinshasa a dénoncé une «déclaration de guerre du Rwanda », tout en affirmant vouloir « éviter un carnage ». En conséquence, les deux pays ont rompu toute relation diplomatique, rappelant leurs ambassadeurs respectifs. Les tensions ont franchi un nouveau cap avec des affrontements signalés du côté rwandais de la frontière, notamment à Gisenyi, où cinq civils ont été tués et vingt-cinq autres blessés, selon Kigali. Par ailleurs, Kinshasa a été le théâtre de violentes manifestations : des protestataires ont pris pour cible l’ambassade du Rwanda, ainsi que celles de la France, de la Belgique et des États-Unis, accusés de passivité face au conflit.

Un front international sous pression

Face à l’escalade, plusieurs acteurs internationaux ont réagi. L’ONU, l’Union européenne et la Chine ont exigé le retrait immédiat des troupes rwandaises de la région et un arrêt des hostilités. De son côté, l’Union africaine a appelé au « plein respect de l’intégrité territoriale de la RDC », sans pour autant pointer directement Kigali du doigt. Les États-Unis se sont dits « profondément troublés » par la situation et ont réaffirmé leur opposition au soutien rwandais au M23. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, s’est entretenu avec Paul Kagame, insistant sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une « résolution durable des causes profondes du conflit ».

Une rencontre sous haute tension

Dans ce contexte explosif, la rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame sous médiation kenyane est cruciale. Le défi est immense : trouver un terrain d’entente alors que la méfiance entre les deux dirigeants est à son comble. L’échec de précédentes médiations, notamment sous l’égide de l’Angola en décembre dernier, laisse planer le doute sur l’issue de ce nouvel effort diplomatique.Pendant ce temps, la situation humanitaire ne cesse de s’aggraver. Depuis le début de l’année, plus de 500 000 personnes ont été déplacées par les combats. Les conditions dans les camps de réfugiés sont désastreuses, et les bombardements ont déjà fait plusieurs victimes parmi les civils.Si aucun compromis n’émerge de cette rencontre, le spectre d’un embrasement régional risque de devenir une réalité encore plus menaçante.

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