Le Cameroun fait face à une crise routière alarmante, avec un taux de mortalité sur les routes nationales N°3 et N°5 parmi les plus élevés d’Afrique, selon des données de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale de la santé. Chaque année, ces routes, en piteux état, enregistrent environ 2 000 décès, des chiffres qui soulèvent des inquiétudes quant à la sécurité routière et à l’impact sur l’économie nationale. Les autorités camerounaises et les acteurs économiques appellent à une réhabilitation urgente pour enrayer cette hécatombe.
Au Cameroun, environ 2 000 personnes meurent chaque année sur les routes nationales N°3 et N°5, soit plus de 60 décès pour 100 000 habitants, un des taux les plus élevés en Afrique, selon la Banque mondiale et les dernières données disponibles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2023). Ces chiffres sont deux fois supérieurs à ceux fournis par les autorités en matière de mortalité routière, d’après l’Institut national de la statistique. Selon les dernières statistiques du ministère des Transports publiées dans Cameroon Tribune en juin 2024, 963 personnes sont décédées dans des accidents de la circulation depuis le début de l’année 2023.
L’état désastreux des routes
L’état déplorable des routes nationales N°3 et N°5, marqué par des nids-de-poule, des fissures, et des détériorations érosives dues à la mauvaise qualité des matériaux, représente un danger pour la sécurité des usagers et entrave le bon fonctionnement de l’économie nationale, comme le souligne la correspondance du Groupement Inter-Patronal du Cameroun (GICAM). Une étude d’expertise commandée par le ministère des Transports en 2023, réalisée par le cabinet CYSCOM, révèle que les routes nationales N°3 et N°5 présentent un taux de dégradation de 84 %.
Des routes en piteux état et des morts en cascade
En 2020, les accidents de la route ont causé 3 275 décès au Cameroun. Le mauvais état des routes est l’une des principales causes de ces accidents, selon les statistiques de la sécurité routière. Entre 2020 et 2023, les accidents de la route ont fait 17 200 morts, dont 85 % sont attribués à la dégradation des routes et 15 % à l’excès de vitesse, selon le cabinet CYSCOM. Les dernières tragédies sur les routes du Cameroun ont coûté la vie à au moins 40 personnes en l’espace de 24 heures, entre le 4 juin et le 5 août dernier. Trois bus de transport en commun et trois camions ont été impliqués dans ces accidents survenus à la périphérie de Yaoundé, Douala, et Bafoussam.
Face à cette situation alarmante, le GICAM a interpellé le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi. Dans une lettre datée du 8 août, le président du GICAM, Célestin Tawamba, a exprimé son inquiétude face à la dégradation continue des routes nationales N°3 et N°5. Ces axes, qui relient Douala à Bafoussam et Yaoundé via Édéa, sont parmi les plus importants du réseau routier national, jouant un rôle crucial dans l’économie du pays et la desserte des pays enclavés voisins comme le Tchad et la République Centrafricaine.
Dans cette correspondance, le GICAM déplore les nids-de-poule, les fissures et autres détériorations qui compromettent la sécurité des usagers et perturbent l’économie nationale. L’évacuation des produits depuis les ports vers les grandes villes et les bassins de production est fortement compromise, affectant ainsi l’approvisionnement des chefs-lieux de région.
Les entreprises, particulièrement celles dépendant du transport routier, subissent d’importants retards dans leurs transactions, une augmentation des coûts opérationnels, et une usure prématurée des véhicules. Cette situation entraîne une hausse des prix des produits et services, exacerbant les tensions inflationnistes.
Face à cette urgence, le GICAM appelle à la mise en œuvre immédiate d’un programme de réhabilitation des infrastructures routières pour améliorer la sécurité, fluidifier le trafic, et renforcer la compétitivité des entreprises. Le patronat insiste pour que la réhabilitation des routes nationales devienne une priorité absolue pour le ministère des Travaux publics.