Chaque 13 septembre, au Cameroun et à travers le monde, les mémoires se tournent vers Ruben Um Nyobè, l’un des pères fondateurs de l’indépendance camerounaise, assassiné en 1958 par les forces coloniales françaises. Pourtant, malgré la connaissance de son histoire, cet hommage annuel revêt une importance cruciale pour plusieurs raisons, allant bien au-delà du simple souvenir.
L’histoire d’Um Nyobè incarne la lutte pour l’indépendance du Cameroun, et rendre hommage à sa personne, c’est maintenir vivante la mémoire collective de cette lutte. Chaque génération doit se rappeler que la liberté dont elle jouit aujourd’hui a été acquise au prix de sacrifices énormes. Ruben Um Nyobè, leader charismatique de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), a mené la bataille pour la justice sociale et la dignité de son peuple, face à une puissance coloniale déterminée à le réduire au silence .
Dans un contexte où les récits historiques sont souvent écrits par les vainqueurs, rendre hommage à Um Nyobè, c’est résister à cette tendance à effacer ou à minimiser le rôle des figures emblématiques de l’anticolonialisme. C’est un rappel des luttes passées pour l’émancipation des peuples, un chapitre de l’histoire du Cameroun que certains ont longtemps cherché à occulter .
Lutter contre l’injustice et l’oubli intentionnel
L’importance de commémorer Ruben Um Nyobè ne réside pas seulement dans la reconnaissance de sa lutte pour l’indépendance. C’est aussi un hommage à son combat pour une justice sociale. À travers ses discours, il dénonçait la corruption, les inégalités, et l’exploitation économique imposée par la France coloniale. Ces mêmes luttes restent actuelles dans un Cameroun où la pauvreté, les inégalités sociales et la mauvaise gouvernance continuent de marquer la vie quotidienne de nombreux citoyens .
Après l’indépendance, les gouvernements post-coloniaux, notamment sous Ahmadou Ahidjo, ont longtemps tenté d’effacer le rôle de l’UPC et de figures comme Um Nyobè. En effaçant son nom des livres d’histoire, en marginalisant sa mémoire, ils espéraient tourner la page sur le radicalisme nationaliste. Mais ces tentatives ont échoué. Aujourd’hui, honorer sa mémoire est devenu un acte de résistance contre cet oubli volontaire .
Inspirer les générations futures
Ruben Um Nyobè n’est pas qu’un symbole du passé, il est aussi une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures. Son engagement sans faille, son intégrité et son sens aigu de la justice sont des valeurs universelles et intemporelles. Dans un Cameroun où les défis socio-politiques persistent, rendre hommage à Um Nyobè revient à rappeler à la jeunesse l’importance de s’engager pour des causes justes et de lutter contre l’injustice sous toutes ses formes.
Son parcours montre que le changement ne vient pas sans sacrifice et que la liberté et la justice sociale sont des combats permanents. Um Nyobè a montré la voie en payant de sa vie pour la cause nationale. Sa mémoire doit donc continuer d’inspirer les citoyens, les leaders et les militants de demain .
Commémorer Ruben Um Nyobè chaque année n’est pas un simple rituel historique. C’est un acte de préservation de la mémoire collective, une résistance contre l’oubli intentionnel et une source d’inspiration pour les générations actuelles. Son héritage nous rappelle que les combats pour la liberté et la justice sont intemporels, et qu’il appartient à chacun de continuer cette lutte dans un Cameroun et un monde toujours en quête d’équité et de dignité pour tous.
Amandine Bonny