Le gouvernement sénégalais a décidé d’apporter un soutien financier aux familles endeuillées par les violences politiques survenues entre 2021 et 2024. Chaque famille ayant perdu un proche recevra une indemnisation de 10 millions de FCFA (environ 15 300 euros). Cette annonce a été faite par Maïmouna Dièye, ministre de la Famille et des Solidarités, dans une vidéo relayée par l’Agence de presse sénégalaise (APS).

En plus de cette aide financière, le gouvernement prévoit une prise en charge spécifique pour les enfants mineurs des victimes, incluant une couverture sanitaire et des programmes d’assistance sociale et médicale. Cette mesure vise à atténuer l’impact des pertes humaines sur les familles et à favoriser leur réinsertion socio-économique.
Par ailleurs, plus de 2 000 anciens détenus et autres victimes bénéficieront d’une compensation forfaitaire de 500 000 FCFA (environ 769 euros). De nombreuses arrestations avaient eu lieu pendant ces périodes de troubles, marquées par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Ces violences ont éclaté dans un climat politique tendu, alimenté par le bras de fer entre l’ancien président Macky Sall et l’opposition menée par Ousmane Sonko. L’incertitude entourant un éventuel troisième mandat de Macky Sall en 2024 avait exacerbé les tensions, entraînant des manifestations réprimées avec violence.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé en décembre 2024 que son gouvernement allait déposer un projet d’abrogation de la loi d’amnistie couvrant ces événements. Cette loi, adoptée en mars 2024 sous l’impulsion de Macky Sall avant l’élection présidentielle, avait permis la libération de plusieurs détenus politiques, dont l’actuel président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko lui-même.
Le gouvernement avait initialement prévu une enveloppe de 5 milliards de FCFA (environ 7,6 millions d’euros) pour indemniser les victimes, mais sans préciser les critères d’attribution ni le nombre exact de bénéficiaires. Si ces mesures d’indemnisation sont perçues comme un geste de réparation, elles soulèvent également des interrogations sur leur mise en œuvre et sur la volonté réelle de faire toute la lumière sur les violences passées.
L’abrogation de la loi d’amnistie pourrait rouvrir le débat sur les responsabilités de ces événements tragiques et relancer des procédures judiciaires contre certains acteurs de la crise politique. Reste à savoir si cette initiative sera perçue comme un pas vers la justice ou comme un nouvel élément de discorde dans un paysage politique encore fragile.