Le 27 juin dernier, Google Traduction a enrichi sa base avec 110 nouvelles langues, y compris une trentaine de langues africaines. Le wolof, couramment parlé au Sénégal, en fait partie.
Cette avancée est un jalon pour les experts locaux en IA de traduction, poussant les start-ups sénégalaises à réévaluer leurs positions sur ce marché en évolution.
La communauté de chercheurs en IA au Sénégal, notamment GalsenAI, se réjouit de cette nouvelle. Derguene Mbaye, cofondateur de GalsenAI, affirme que l’ajout du wolof à Google Traduction offre de nouvelles perspectives pour la recherche : « Le wolof, comme la plupart des langues africaines, est une langue à faible ressource. Il existe très peu de données d’entraînement et de système de traduction. Si demain, on souhaite expérimenter sur une tâche sur laquelle il n’y a pas de données en wolof, on peut prendre ces données dans une autre langue, traduire et ainsi faire nos expérimentations. »
Cette innovation technologique pourrait changer le quotidien de nombreux Sénégalais. Mouhamadane Mboup, ingénieur data analyste, met en lumière l’impact possible : « Il y a des gens qui ne comprennent que le wolof, qui ne savent lire et écrire qu’en wolof. Ici, la justice se fait en français et donc les gens qui ne le parlent pas couramment peuvent bénéficier de ce traducteur pour les démarches administratives. Les commerçants et les touristes pourront aussi communiquer plus facilement. » Elle pourrait aussi simplifier les procédures administratives et intensifier les échanges économiques et touristiques.
Malgré cette avancée, le chemin vers une numérisation complète des langues africaines reste semé d’embûches. Le wolof, comme de nombreuses autres langues africaines, dispose de peu de ressources numériques, ce qui complique la création d’algorithmes de traduction efficaces. Cependant, l’initiative de Google pourrait catalyser des efforts accrus pour documenter et numériser ces langues, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour la préservation et la promotion des langues africaines.
L’ajout du wolof à Google Traduction marque un tournant pour le secteur technologique et la société sénégalaise en général. En facilitant la communication et en ouvrant de nouvelles voies pour la recherche en intelligence artificielle, cette initiative pourrait bien être le début d’une transformation numérique plus large pour les langues africaines.