SMP 2025: opérations alpha 1 et 2 séduisent

Yaoundé, 16 mai 2025. Le Palais des Congrès s’est transformé, l’espace d’une soirée, en miroir d’un Cameroun que l’on montre rarement. Pas celui des discours officiels ni des batailles géopolitiques à distance, mais celui des hommes et des femmes qui, au nord du pays, risquent chaque jour leur vie pour préserver la paix. Ce miroir, ce sont deux documentaires : Opération Alpha Traque 1 et 2, projetés en grande première lors de la deuxième édition de Season Media première.

La salle était pleine. Les regards étaient graves, tendus, parfois humides. À l’écran, les visages burinés des soldats du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), les éclats d’angoisse, les silences pesants, les gestes ordinaires devenus héroïques. Le spectateur n’était plus simple observateur : il était là, au cœur de l’action, dans cette poussière brûlante du Sahel où se joue un combat que l’on tait souvent. Celui contre Boko Haram.

À l’origine de ce projet audacieux : Eva MBALLA, jeune journaliste au regard franc et au verbe engagé. Elle ne fait pas dans l’objectivité froide. Elle s’implique. Elle assume. Sur scène, le micro à la main, elle ne parle pas de guerre, mais de courage. Pas de faits, mais d’âmes. « Ce soir, nous ne racontons pas une guerre, mais le courage d’une armée, la résistance d’un peuple, la foi d’une jeunesse », dit-elle. Et soudain, tout prend un autre sens.

Ce que propose Season Media, c’est plus qu’un média. C’est un espace de résonance, où le réel devient art, et l’art devient outil. Une tentative de réconcilier la société avec ses vérités enfouies. En montrant le terrain, dans sa crudité et sa complexité, Eva MBALLA ne cherche pas l’effet-choc : elle cherche la mémoire, l’émotion, la conscience.Ce n’est d’ailleurs qu’un début. Elle l’a affirmé : d’autres sujets viendront. Les enfants de la rue, ces invisibles que l’on croise sans regarder, la prostitution, le numérique, ce pont qui sépare autant qu’il relie. Elle veut tout montrer, tout dire, tout questionner. Parce qu’au fond, c’est cela, sa mission : déranger pour éveiller.

Les institutions, les militaires, les diplomates présents n’ont pas simplement applaudi une performance. Ils ont reconnu un cri, une urgence. Le journalisme, quand il devient acte citoyen, a encore un avenir. Season Media en est peut-être l’un des plus prometteurs visages.Et dans cette nuit de mai, à Yaoundé, un frisson a traversé la salle. Celui d’une prise de conscience.

Marie NWOND