La grève des employés de la Société Sucrière du Cameroun (Sosucam) a dégénéré en un affrontement meurtrier mardi 4 février 2025 à Nkoteng. Deux policiers ont perdu la vie, et plusieurs personnes ont été blessées dans des échauffourées opposant les travailleurs en colère aux forces de l’ordre.
Depuis plusieurs jours, la tension était palpable au sein de la Sosucam. Les employés dénonçaient une gestion jugée défaillante du nouveau directeur général ainsi que des conditions de travail précaires. Mardi matin, leur colère a atteint un point de non-retour. Déterminés à se faire entendre, des centaines d’ouvriers ont bloqué les sites industriels de Nkoteng et Mbandjock, paralysant ainsi la production.
Alertée, la direction de l’usine a fait appel aux forces de l’ordre pour tenter de contenir la situation. Mais loin d’apaiser les tensions, cette intervention a déclenché des heurts violents. Des affrontements ont éclaté entre grévistes et policiers, causant la mort de deux agents des forces de sécurité et faisant plusieurs blessés.
Cet épisode tragique souligne la nécessité d’un dialogue social plus constructif dans le secteur industriel camerounais. La pression est désormais sur les autorités et la direction de la Sosucam, qui doivent trouver une solution rapide et durable pour éviter une nouvelle escalade de la violence.
Contrairement à celle de ces derniers d’hier , en 2018 la Sosucam a été le théâtre d’une crise sociale marquée par un préavis de grève des travailleurs, soutenu par la Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun (CSTC). Cette mobilisation faisait suite au licenciement de 250 employés pour « insuffisance professionnelle », une décision que les syndicats considéraient comme une violation du Code du travail et des conventions internationales. Pour calmer les tensions, une commission tripartite a été mise en place par le gouverneur du Centre afin d’examiner la situation.
Toutefois, les récentes tensions mettent en lumière un profond malaise au sein de l’entreprise. Les ouvriers dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et réclament une meilleure rémunération, ainsi qu’une gestion plus transparente et respectueuse de leurs droits.
Dans un communiqué publié le jour même, le député Cabral Libii a adressé ses condoléances aux familles des victimes et exprimé sa solidarité avec les employés de la Sosucam. Il exhorte les autorités à garantir le respect des droits des travailleurs et à privilégier une issue pacifique à ce conflit.
Une société aux objectifs précis
Fondée en 1965, la Sosucam est le principal producteur de sucre au Cameroun et joue un rôle stratégique dans l’approvisionnement du pays. Son ambition est d’assurer l’autosuffisance sucrière nationale tout en contribuant au développement socio-économique à travers la création d’emplois et le soutien aux communautés locales.
La Sosucam a été fondée en 1965, avec l’objectif de développer l’industrie sucrière au Cameroun. Créée par l’État camerounais en partenariat avec des investisseurs privés, l’entreprise a concentré ses activités sur la culture de la canne à sucre et la production de sucre, principalement dans les régions du Centre et du Littoral. Elle a rapidement occupé une place centrale dans l’approvisionnement en sucre du marché camerounais.
En 2000, elle est devenue un acteur clé de l’économie camerounaise, contribuant à la création d’emplois et au développement des régions où elle est implantée.
Alors que la situation reste tendue, tous les regards sont tournés vers le gouvernement et la direction de la Sosucam. Une réponse rapide et efficace est attendue pour désamorcer la crise et restaurer la stabilité au sein de cette entreprise clé de l’économie camerounaise.
