Le Tchad a organisé le dimanche 29 décembre 2024 des élections législatives, provinciales et locales, dans un contexte marqué par une faible participation et des accusations de fraudes. Ces scrutins, présentés par le régime du maréchal Mahamat Idriss Déby Itno comme l’ultime étape d’une transition politique amorcée après son arrivée au pouvoir en avril 2021, suscitent une vive controverse.

Faible participation et allégations de fraudes
Avec un taux de participation national de 52,37 %, les élections ont été caractérisées par une désaffection importante des électeurs, notamment dans la capitale N’Djamena, où la participation n’a atteint que 36,22 %, selon l’Agence nationale de gestion des élections (Ange). L’opposition, qui avait appelé au boycott, dénonce des fraudes massives. Abdelaziz Koulamallah, candidat du Parti fédéral pour la justice et le développement (PFJD), a accusé les autorités d’avoir permis à des militaires de voter sans carte d’identité, parfois plusieurs dizaines de fois.
Succès Masra, chef du principal parti d’opposition, a affirmé que les résultats étaient déjà « fabriqués dans les ordinateurs » et que « l’écrasante majorité » des citoyens avait suivi l’appel au boycott. Ce dernier a également rappelé les violences survenues lors de manifestations, notamment le « bain de sang » du 20 octobre 2022.

Un contexte géopolitique tendu
Ces élections se déroulent alors que le pays fait face à des défis majeurs : le retrait progressif de l’armée française, des attaques du groupe djihadiste Boko Haram et une crise humanitaire exacerbée par l’accueil de plus de 600 000 réfugiés du Soudan voisin. À cela s’ajoutent les séquelles de la transition politique qui a suivi la mort du maréchal Déby père, en 2021.
Les enjeux du scrutin
Ces élections marquent la première tentative de renouvellement de l’Assemblée nationale depuis 2011. L’opposition critique un régime qu’elle qualifie d’autocratique et répressif, tandis que le maréchal Déby affirme que sa gouvernance a permis au pays d’éviter le chaos et de progresser. Les résultats provisoires sont attendus le 15 janvier, et les résultats définitifs le 31 janvier 2025.
Ce triple scrutin, surveillé par une centaine d’observateurs internationaux, reflète les tensions politiques et sociales d’un pays en quête de stabilité.