Le Conseil constitutionnel tchadien a rejeté le 24 mars 2024 dix candidatures, dont celles de deux farouches opposants à la junte au pouvoir au Tchad, Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh. Cette décision a été annoncée lors d’une audience solennelle. Leur dossier a été jugé « non conforme » et « irrecevable » en raison d’irrégularités dans les pièces administratives requises. Le Conseil constitutionnel est chargé de valider les candidatures pour l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu pour le 6 mai.
Parmi les dix candidats encore en lice figurent le président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, et son Premier ministre, Succès Masra, un ancien opposant dont la participation est critiquée par l’opposition comme une « candidature prétexte » destinée à donner un semblant de pluralité à un scrutin qu’elle considère gagné d’avance par Mahamat Déby.
Nassour Ibrahim Koursami, investi par le Gcap, une des principales plateformes de l’opposition au Tchad, a exprimé son indignation en déclarant : « Le pouvoir ne veut pas faire face à une opposition crédible dans les urnes ». De son côté, Rakhis Ahmat Saleh, candidat du Parti pour le renouveau démocratique au Tchad (Prdt), a dénoncé une « véritable forfaiture » et des « manœuvres » du Conseil constitutionnel pour écarter des candidats « sans raison valable ».
Il est à noter que le rejet des candidatures des principaux opposants à la junte intervient moins d’un mois après la mort du principal rival politique du général Déby, son propre cousin Yaya Dillo Djérou, tué le 28 février par des militaires. Cette situation a suscité des accusations d’assassinat de la part de l’opposition, bien que le gouvernement nie ces allégations.
Ces événements soulignent les tensions politiques et les controverses entourant l’élection présidentielle au Tchad, ainsi que les enjeux liés à la participation des différents acteurs politiques dans ce processus électoral.