Les relations entre le Tchad et le Soudan deviennent de plus en plus tendues. Alors que Khartoum a annoncé le 2 novembre 2024 dans un communiqué, avoir déposé une plainte officielle contre le Tchad devant la Commission africaine pour ingérences et soutien des paramilitaires en guerre dans le pays, Vendredi, Djamena accuse le Soudan de vouloir “déstabiliser le Tchad”

Une semaine après les accusations de Khartoum fondées “uniquement” sur les livraisons d’armes au camp du général Hemetti, lié aux “30 camions d’aides humanitaires acheminés vers le Soudan depuis le Tchad sous la protection des FSR (force spéciale rapide), le gouvernement Tchadien ne s’est pas abstenu de faire des révélations sur ce qui est de la question sécuritaire dans le Sahel (zone où se tient depuis le début de l’année une guerre entre les forces armées et des groupes rebelles.)
“ La frontière tchadienne est restée, depuis le début de la guerre, le théâtre d’activités de trafic d’armes, d’êtres humains, de mercenaires et de toutes formes de trafic et de crimes transfrontaliers” a affirmé Al Hareth Idriss représentant du Soudan à l’ONU, lors de la séance consacrée à la situation au Soudan au Conseil de sécurité. “Cette frontière est devenue la première ligne d’approvisionnement de la milice des Forces de soutien rapide, en armes, mercenaires et fournitures diverses pour qu’elle poursuive sa guerre et ses exactions », a-t-il encore dit.
Nouvelle dénégation du Tchad

N’djamena a réagi à ces nouvelles accusations en réitérant qu’elle n’intervient au Soudan qu’en tant que médiateur afin de ramener la paix. Bien avant cela, suite aux accusations du représentant du Soudan auprès des Nations-Unis le 29 octobre dernier au sujet des “30 camions d’aides humanitaires acheminés vers le Soudan depuis le Tchad, le ministre tchadien des Affaires étrangères Mahamat Saleh Annadif, a dénoncé des accusations « sans aucun fondement » de la part d’un gouvernement qui n’a« aucune légitimité ». « Ce sont des gens qui sont habitués au double langage. Je crois qu’ils veulent transposer leur guerre au niveau du Tchad, qu’ils veulent la transposer au niveau du Darfour. Ils n’ont pas pu et maintenant ils cherchent des boucs émissaires, c’est tout »a t-il ajouté durant une interview accordée à RFI
Le rapport du Sudan Conflict Observatory accuse aussi l’Iran d’avoir livré des armes à l’armée soudanaise entre décembre 2023 et juillet 2024, via l’aéroport de Port Soudan. Une différence de taille cependant pour le gouverneur du Darfour qui souligne qu’il s’agit là de contrats officiels conclus par une institution nationale, contrairement aux livraisons clandestines destinées à une « milice familiale soutenue par les Émirats ».
Des accusations mutuelles de déstabilisation
N’djamena a porté vendredi des accusations liées aux financements et à l’armement des groupes terroristes par le Soudan dans le but de “déstabiliser le Tchad”. Cette accusation a été rendue publique dans un communiqué officiel du ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement
Face à ces accusations mutuelles de déstabilisation et au vu des conséquences dramatiques de la guerre au Soudan, la communauté internationale s’inquiète pour la stabilité de la région. Le Tchad et le Soudan, deux pays clés de l’Afrique centrale, semblent plus que jamais engagés dans un bras de fer dangereux qui menace la paix et la sécurité de millions de personnes.
Une situation tendue qui pourrait déboucher sur la fermeture des frontières terrestres et aériennes mettant en difficulté la fourniture de l’aide humaine aux personnes en difficulté et une rupture de relation entre les deux pays.