Le président sortant Abdelmadjid Tebboune a été réélu le 7 septembre 2024 pour un second mandat avec un résultat écrasant de 94,65 % des voix. Cette réélection, bien que largement anticipée, intervient dans un climat politique tendu, marqué par un taux de participation relativement faible et des accusations d’irrégularités électorales. Alors que Tebboune se présente comme l’architecte d’une “Nouvelle Algérie”, nombre de citoyens et d’opposants estiment que peu de changements réels ont été réalisés depuis son arrivée au pouvoir en 2019 .
Élu en 2019 à la suite du mouvement populaire Hirak qui a mis fin aux vingt ans de règne d’Abdelaziz Bouteflika, Tebboune avait promis de tourner la page sur les abus du passé, notamment en s’attaquant à la corruption. Plusieurs personnalités politiques influentes de l’ère Bouteflika, y compris le frère de l’ancien président, ont été jugées et emprisonnées sous son mandat .
Cependant, malgré ces actions, une large partie de la population algérienne reste désenchantée. Le Hirak, mouvement pro-démocratie, a été sévèrement réprimé, avec des centaines de manifestants et militants emprisonnés ou poursuivis. Le climat autoritaire qui règne, combiné aux défis économiques persistants tels que le chômage et l’inflation, a renforcé l’idée que le régime algérien reste largement inchangé .
Une campagne axée sur la stabilité économique et sociale
Pendant sa campagne pour un second mandat, Tebboune a mis en avant ses réussites économiques, en particulier l’augmentation des revenus grâce à la hausse des prix des hydrocarbures. L’Algérie, principal exportateur de gaz naturel vers l’Europe, a bénéficié de la crise énergétique mondiale, ce qui a permis à Tebboune de financer des programmes sociaux, comme la création d’emplois pour les jeunes et l’augmentation des prestations sociales . Il a promis de créer 450 000 emplois et de faire passer les allocations chômage de 13 000 à 20 000 dinars .
Cependant, cette politique de redistribution repose presque exclusivement sur les revenus des hydrocarbures, une dépendance qui expose l’économie algérienne aux fluctuations des prix mondiaux du gaz et du pétrole. La diversification économique, souvent évoquée, n’a pas encore été réalisée, laissant l’économie algérienne vulnérable à moyen terme .
Faible taux de participation et accusations de fraude
Le taux de participation à cette élection a été estimé à 48 %, un chiffre relativement bas qui reflète la désillusion d’une grande partie de la population face au processus politique. L’opposition a également dénoncé des fraudes électorales, évoquant des cas de manipulation des résultats et des votes par procuration dans certaines régions .
Malgré ces critiques, Tebboune a affirmé que l’élection avait été transparente et qu’il avait l’intention de poursuivre ses réformes pour stabiliser l’économie et renforcer les institutions du pays. Pourtant, la répression des voix dissidentes et la marginalisation du Hirak continuent de peser sur la perception de son leadership .