USA-MEDIAS PUBLICS: TRUMP COUPE LES VIVRES

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L’administration Trump a suspendu le financement de plusieurs médias publics opérant à l’international, entraînant la mise en congé de centaines de journalistes de Voice of America (VOA), Radio Free Asia, Radio Free Europe et d’autres institutions médiatiques financées par les États-Unis.Depuis le samedi 16 mars, ces employés se voient interdire l’accès à leurs bureaux et doivent restituer leurs cartes de presse ainsi que leur matériel professionnel.

Cette décision a suscité une vive indignation parmi les défenseurs de la liberté de la presse, qui considèrent ces médias comme des piliers démocratiques dans des régions où l’accès à une information indépendante est restreint.

L’initiative de la Maison-Blanche fait suite à un décret du président Donald Trump, reléguant l’Agence des médias mondiaux des États-Unis (USAGM), qui supervise ces organes de presse, au rang des « éléments superflus de l’administration fédérale« .Dans un message adressé au personnel, Kari Lake, fervente partisane de Trump et récemment nommée conseillère au sein de l’USAGM après sa défaite aux sénatoriales en Arizona, a affirmé que le financement de ces médias « ne faisait plus partie des priorités » du gouvernement. Selon la Maison-Blanche, cette restructuration vise à garantir que « les contribuables américains ne financent plus de propagande partisane ».Michael Abramowitz, directeur de Voice of America, figure parmi les 1 300 employés touchés par cette mesure. Il a exprimé son inquiétude sur Facebook, rappelant que VOA diffuse en 48 langues et touche 360 millions de personnes chaque semaine.

Un coup dur pour le journalisme indépendant

Depuis des décennies, des médias comme VOA et Radio Free Asia jouent un rôle clé en diffusant des informations impartiales dans des pays soumis à une forte censure, notamment en Europe de l’Est, au Moyen-Orient et en Asie. Carlos Martinez de la Serna, du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), a dénoncé une tentative de démanteler une agence financée par le Congrès et engagée dans un journalisme indépendant qui défie les régimes autoritaires. Reporters sans frontières (RSF) a quant à lui estimé que cette décision « porte un coup grave à la liberté de la presse mondiale et efface 80 ans d’engagement américain en faveur de la circulation libre de l’information ».Stephen Capus, président de Radio Free Europe/Radio Liberty, a également critiqué cette mesure, la qualifiant de « cadeau inespéré aux adversaires des États-Unis ». Selon lui, des régimes tels que ceux de l’Iran, de la Chine, de la Russie et du Bélarus ne peuvent que se réjouir de la disparition d’un média ayant existé depuis 75 ans.

Un climat d’incertitude pour les journalistes

Fondée en 1996, Radio Free Asia s’est donné pour mission de fournir des reportages indépendants dans des pays où la liberté de la presse est inexistante, comme la Chine, la Birmanie, la Corée du Nord et le Vietnam. La suppression des financements suscite donc de grandes inquiétudes, notamment pour les journalistes travaillant sous haute surveillance dans ces régions sensibles.

Un employé de Voice of America, souhaitant rester anonyme, a décrit la période actuelle comme « terrible« , marquée par une « anxiété permanente« . Un autre, travaillant pour Radio Free Asia, a ajouté : « Nous avons des journalistes qui risquent leur sécurité dans des pays autoritaires et des employés aux États-Unis qui craignent d’être expulsés si leurs visas de travail ne sont plus valides ».

Le Congrès, qui a le dernier mot sur les financements, pourrait toutefois s’opposer à cette décision. Certains médias comme Radio Free Asia ont bénéficié par le passé d’un soutien bipartisan, laissant entrevoir un possible sursaut en faveur de leur préservation.

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