Le blocage d’une grande partie de l’aide étrangère américaine met en péril des millions de bénéficiaires à travers le monde. Depuis l’annonce de cette décision par la nouvelle administration américaine, des milliers de programmes d’aide sont à l’arrêt, plongeant les ONG et les populations concernées dans une profonde incertitude.
Une décision brutale et des ONG déstabilisées
Quatre jours après l’investiture de Donald Trump, l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) a ordonné à ses partenaires d’interrompre toutes leurs activités financées par ses fonds. Une semaine plus tard, une nouvelle directive permet à certaines missions humanitaires vitales de reprendre, notamment celles liées aux soins médicaux, à l’accès à l’eau potable et à l’hébergement d’urgence. Toutefois, le flou entourant ces instructions laisse les organisations humanitaires dans l’expectative.Dans ce contexte de grande incertitude, The New York Times a révélé que plus de 30 études financées par l’USAID ont été suspendues alors que des volontaires étaient déjà pris en charge par des chercheurs. Ces essais incluaient des avancées médicales et sanitaires cruciales, notamment :
Mozambique : Un traitement contre le paludisme chez les enfants de moins de 5 ans.
Bangladesh : Un programme de traitement du choléra.
Malawi : Une méthode de dépistage et de traitement du cancer du col de l’utérus.
Pérou et Afrique du Sud : Un traitement contre la tuberculose destiné aux enfants et aux adolescents.
Éthiopie : Un programme de soutien nutritionnel pour les enfants.
Cambodge : Des interventions pour le développement de la petite enfance.
Jordanie : Un soutien aux femmes enceintes et allaitantes pour lutter contre la malnutrition.
Afrique du Sud : Le développement d’un vaccin à ARNm contre le VIH.
Une attaque directe contre l’USAID
La situation s’aggrave avec l’intervention d’Elon Musk, désormais chargé par Donald Trump de réorganiser l’administration fédérale. Il a déclaré vouloir « fermer » l’USAID, qu’il accuse d’être dirigée par des « extrémistes ». Dans le même temps, le secrétaire d’État Marco Rubio a pris temporairement la tête de l’agence pour, selon lui, restaurer l’ordre face à ce qu’il qualifie d’« insubordination ».
Un impact global dévastateur
L’USAID joue pourtant un rôle crucial dans l’aide humanitaire mondiale, avec un budget de 42,8 milliards de dollars, soit 42 % des fonds alloués à l’échelle internationale. Son retrait se fait déjà sentir sur plusieurs continents :
Mozambique : L’interruption des programmes de relance agricole prive des milliers de déplacés d’une issue à la crise humanitaire.
Yémen : L’arrêt des distributions d’argent liquide, essentielles pour soutenir l’économie locale en zone de conflit, paralyse l’aide aux populations vulnérables.
Syrie : Les infrastructures d’eau et d’assainissement ne peuvent plus être reconstruites, aggravant la précarité des habitants.
Afrique du Sud : La suspension des financements américains met en péril l’accès aux traitements pour des patients atteints du VIH, dans un pays où la maladie est particulièrement répandue.
Un avenir incertain pour des millions de personnes
Pour Kevin Goldberg, directeur de l’ONG Solidarités International, cette situation est alarmante : « Les États-Unis débattent du sort de leur agence de développement, mais c’est toute la planète qui en subit les conséquences. » Avec 36 % de son budget dépendant des fonds américains, son organisation risque de ne plus pouvoir aider près de deux millions de personnes. Daryl Grisgraber, experte en humanitaire pour Oxfam America, redoute que d’importantes coupes budgétaires viennent aggraver la situation dans les 90 jours à venir. Tom Hart, président d’InterAction, dénonce quant à lui un immense gaspillage : « Des médicaments vitaux expirent pendant que des enfants tombent malades. Des denrées alimentaires pourrissent alors que des familles souffrent de la faim. »
En plus de mettre en péril les programmes d’aide déjà existants, la suspension des fonds américains freine des avancées scientifiques majeures qui auraient pu sauver des milliers de vies. La décision de l’administration américaine ne se limite donc pas à une crise humanitaire immédiate, mais risque aussi d’avoir des conséquences à long terme sur la santé et le bien-être des populations les plus vulnérables.
