À Yaoundé, la capitale du Cameroun, une vague de fermetures d’églises illégales bouleverse le paysage religieux. Sous la directive d’Elvis Akondi Mbahangwen, sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé 4, 188 églises ont été sommées de cesser leurs activités, accusées de fonctionner en toute illégalité. Cette décision s’inscrit dans un vaste effort national visant à remettre de l’ordre dans le secteur religieux en pleine expansion, mais aussi en proie à de multiples dérives.

Ces fermetures ne concernent pas seulement des irrégularités administratives. Derrière les portes de ces églises dites de réveil, des abus graves ont été recensés. Des pratiques telles que les nuisances sonores dans les quartiers résidentiels, des arnaques financières déguisées en « dîmes » ou « offrandes de foi », ainsi que des prédications douteuses visant à manipuler la population, ont été rapportées. Certaines de ces églises prêchent des doctrines qui détournent l’essence de la Bible, créant ainsi un climat de méfiance. L’intervention des autorités administratives vise à protéger les populations contre ces dérives dangereuses, comme l’a affirmé le sous-préfet sur les ondes de la radio nationale : « L’autorité administrative est là pour la protection des personnes et de leurs biens. »
Le phénomène des églises de réveil s’est rapidement propagé au Cameroun, attirant des fidèles en quête de solutions à leurs problèmes spirituels, financiers ou personnels. Cependant, cette prolifération s’accompagne souvent de pratiques controversées, poussant les autorités à intervenir. Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, a donné des instructions strictes pour étendre cette régulation à d’autres arrondissements du département du Mfoundi. Yaoundé 4 n’est que le début d’une action à grande échelle qui pourrait voir d’autres églises non conformes être fermées dans les semaines à venir.
Cette croisade administrative s’inscrit dans un contexte où les églises de réveil, bien que souvent porteuses d’espoir pour une frange de la population, sont également perçues comme une menace pour la cohésion sociale, la tranquillité publique et la morale religieuse. L’action des autorités, bien que saluée par certains pour son rôle protecteur, suscite des interrogations sur la ligne fine entre régulation et restriction des libertés de culte. Dans un pays où la religion tient une place centrale, ces fermetures marquent un tournant dans la relation entre l’État et les institutions religieuses, appelant à un débat national sur l’encadrement des pratiques religieuses dans le respect des lois.
L’avenir de ces églises fermées reste incertain, mais une chose est claire : la gestion des formations religieuses au Cameroun est entrée dans une nouvelle ère, où la conformité aux lois sera le premier critère de légitimité.